Conseiller gratuitement vos amis professionnellement : bonne idée ?

Communication client, Facturation, Positionnement, Travailler gratuitement, Votre valeur | 0 commentaires

Si vous êtes considéré comme un expert dans votre domaine, il est probable que les gens veuillent puiser dans vos connaissances. Bien que cela soit flatteur au début, cela peut devenir agaçant à un certain moment. Pourquoi ? Parce que vous pouvez avoir l’impression que les gens profitent de vous et abusent de la situation.

L’expression anglaise « pick your brain » n’a pas d’équivalence en français – et c’est pourtant le sujet de cet article.

Utilisons la tactique de l’exemple simplifié : Bertrand cherche à optimiser sa fiscalité, et il a justement un ami qui se trouve être avocat fiscaliste. Il va lui demander conseil.

Bertrand sollicite gratuitement les compétences d’un ami d’ami avocat fiscaliste, en espérant obtenir des conseils professionnels sans rémunération directe. Cela illustre la notion de « pick your brain », où quelqu’un cherche à bénéficier de l’expertise d’une personne dans un domaine spécifique sans nécessairement payer pour ses services.

Si vous êtes développeur, consultant Web, ou toute discipline proche du digital ou de la tech, bonne nouvelle : la majorité des gens pensent que vous allez réparer des imprimantes, aider à aligner des images sur Word, réparer un site WordPress piraté ou créer un site Web en 2 heures pour rendre service.

Aider ses amis fait bien sûr partie de la vie, par altruisme ou pour se dire qu’on a fait une bonne action. Cependant, cette pratique d’utiliser gratuitement les services professionnels de proches peut soulever des questions sur la valorisation du temps et des compétences professionnelles.

Nous sommes donc face à un dilemme qui n’a pas de réponse absolue.

Option 1 : ne jamais aider, dire non systématiquement

Si vous n’aidez jamais personne, même pas un conseil ou une réponse en 30 secondes, vous ne serez pas très heureux et n’allez pas garder beaucoup d’amis.

Option 2 : tout le temps aider, dire oui à tout

Si vous aidez tout le monde tout le temps, vous allez commencer à passer vos journées à travailler gratuitement pour tout le monde, des amis de lycée jusqu’à des inconnus sur Internet, recevoir des appels n’importe quand pour n’importe quoi, passer des heures à répondre à des emails, et même parfois vous retrouver embarqué malgré vous dans des projets chronophages et énergivores au long terme qui vont vous pourrir la vie.

Dans des domaines comme le développement, les choses sont pires : à cause du fossé numérique, la complexité et la valeur perçue peuvent être biaisées, sous-évaluées.

L’option du milieu : aidez dans vos termes, dans des limites que vous fixez, quand vous le voulez

Comme beaucoup de choses dans la vie, la seule solution viable est une approche au cas par cas, selon votre expérience, votre ressenti, et votre connaissance des mécanismes de base de ces demandes.

Analysons ces mécanismes de bases.

La demande honnête

La personne qui vous demande de l’aide comprend parfaitement votre métier. Elle respecte votre temps, votre expertise, et va se limiter à vous demander de l’aide une fois tous les 5 ans, pour rester poli. Elle va limiter sa demande à une chose très précise et une réponse en 10 minutes max, vous remercier chaleureusement, vous demander sincèrement combien elle doit vous payer pour l’aide, puis continuer à avancer sur son problème de son côté ou avec d’autres professionnels, et ne plus jamais vous en parler, sauf pour vous donner des nouvelles.

Breaking news, ça n’arrive jamais.

Le New-York Times explique comment poliment demander conseil gratuitement à un professionnel. Si vous vous retrouvez dans la position du demandeur :

  • Comprenez que toute demande qui nécessite à quelqu’un de bloquer du temps sur son agenda, que ce soit pour un appel ou pour prendre un café, peut être, pour quelqu’un qui a un emploi du temps professionnel chargé, une demande importante.
  • N’ayez pas l’outrecuidance de mettre en avant un bénéfice quelconque pour la personne à qui vous demandez du temps – c’est vous le demandeur, apparaissez tel que vous êtes, en demande d’aide, vulnérable
  • C’est la personne qui aide qui choisit le moyen de communication (appel, email, café, etc.), pas le demandeur
  • N’ayez pas d’attentes particulières, en terme de durée d’appel, de délai, etc. – prenez ce qu’on vous donne
  • Soyez précis, et venez préparé, avec vos questions déjà clairement notées, pour ne pas faire perdre de temps à la personne qui vous aide, et pour bien avoir la réponse à toutes vos questions du premier coup
  • Si la personne à qui vous demandez de l’aide a publié des choses (livres, podcasts, articles, etc.), soyez respectueux et familiarisez vous avec ce contenu avant de lui parler
  • N’essayez pas de faire durer l’entretien plus longtemps que prévu
  • Remerciez sincèrement la personne qui vous a répondu, donnez des nouvelles sur votre progression

La demande à côté de la plaque

Demander à un consultant SEO d’installer Windows, à un designer UX d’installer un routeur, à un développeur de réparer une imprimante, à un data analyst de l’aide pour du CSS.

Ça arrive à tout le monde de se tromper, c’est un mécanisme de base : nous avons un problème dans un domaine, et nous trouvons ce qui s’en rapproche le plus dans notre perception des choses.

La demande qui amènera à des projets « plus tard si ça marche »

Le professionnel aide des gens gratuitement en pensant que cela pourra conduire à des projets signés au long terme. Finalement, il aide les autres à gagner de l’argent, alors que lui peine encore.

Le demandeur peut aussi affirmer qu’aider gratuitement amènera à des projets concrets ultérieurement, qui bizarrement n’adviennent quasiment jamais.

La demande minimisée qui est « juste » ça

Vous avez remarqué, quand les gens demandent de l’aide ou des devis, une fois sur deux, il y a aura le mot « juste » : « juste un site qui … », « juste un système qui … », « juste un design qui … ».

Cet ami qui a « juste une petite question ».

Il s’agit de minimiser la demande, on peut y voir deux origines :

  1. Le demandeur ne se rend pas compte de l’envergure de sa demande et croit réellement qu’il s’agit d’une petite demande
  2. Le demandeur sait très bien qu’il demande beaucoup, et il essaye de faire passer la pilule et passer la porte en minimisant sa demande au départ, avant d’en faire découvrir l’ampleur

La demande qui en cache une autre

Celle-ci arrive malheureusement trop souvent lorsqu’il s’agit de programmes ou de sites Web : le demandeur a un gros problème dont personne ne veut s’occuper en-dessous de x xxx€. Il va donc quémander une « faveur » ou un petit devis à prix fixe, pour un autre problème plus petit qui n’est pas son problème principal, tout en sachant pertinemment que la personne qui travaille sur son projet va se retrouver face à son problème principal à un moment.

Etant donné que tout ce qui est constitué de code ou de couches logicielles prend des heures ou des semaines juste pour savoir comment ça a été fait, il n’était pas possible à la personne qui aide de déceler le problème en amont.

Dans le cas du petit devis à prix fixe, le demandeur va alors faire du chantage au prestataire en lui disant que réparer le problème principal « doit » faire partie du devis. Dans le cas de l’aide gratuite, il va jouer sur le fait que la personne qui aide va culpabiliser si elle abandonne le projet ou commence à parler de paiements alors qu’elle s’était engagée à aider gratuitement.

Les demandes répétées

Ce sont des suites de demandes, dont certaines sont raisonnables, et d’autres cachent un des autres mécanismes cités plus haut, et qui sont répétées, encore et encore : la personne qui aide gratuitement devient le larbin de service qui voue sa vie à aider gratuitement sans rien en retour. A chaque problème, à chaque travail, on fait appel à lui pour le résoudre gratuitement. Il est le professionnel de service bénévole.

Souvent accompagné de manipulations néfastes et d’un déséquilibre dans les relations.

Les échanges déséquilibrés

Le demandeur a aidé l’aidant une fois pendant 2 heures il y a 4 ans, et il faut donc lui créer son site Internet pendant 30 heures + maintenance + évolutions + support technique gratuit et illimité sans process.

Les amis intéressés

Dans certains cas, on peut se rendre compte que la seule chose qui sous-tendait la relation d’amitié était le fait qu’une des deux personnes aide l’autre systématiquement sans compter. Ce n’était pas vraiment une amitié.

Le mépris

Dans certains cas, de telles demandes répétées peuvent montrer un mépris de la part du demandeur, qui est pourtant le mendiant.

Voilà quelques mécanismes de base qui sous-tendent ces demandes d’aide gratuite à des proches, amis d’amis, prospects ou inconnus. Si vous en voyez d’autres ou avez des corrections, n’hésitez pas à en parler dans les commentaires de cet article.

Voyons maintenant des solutions.

Solution 1 : Dire non, refuser des demandes

Même si vous avez l’habitude de toujours dire oui, il va falloir à un moment commencer à protéger votre vie et votre activité professionnelle. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question d’énergie, d’estime de soi, de temps.

C’est à vous de fixer vos limites, et selon vos propres critères et la connaissances de mécanismes cités plus haut, d’accepter ou refuser telle ou telle demande.

Vous avez besoin de temps pour vous concentrer sur votre entreprise, pour travailler pour vos clients, et le reste du temps, c’est votre vie personnelle, dans laquelle il n’y a pas de travail.

Solution 2 : Établissez des limites

Etablissez des limites avec les personnes qui vous demandent de l’aide.

Par exemple, une conversation de 15 minutes, ou une aide de 30 minutes, au-delà de laquelle vous redirigez la personne vers d’autres solutions.

Solution 3 : Fixez des tarifs de consultation

Si vous commencez à recevoir beaucoup de demandes pour du conseil, vous ne pouvez pas aider tout le monde. Il peut être temps de créer des forfaits de consultation.

Vous recevrez beaucoup moins de demandes irrespectueuses quand les gens sauront que vous êtes payé pour vos conseils.

Pour des demandeurs qui ne sont pas des proches, envoyez par exemple un lien de paiement avec un calendrier. Ne perdez pas votre temps à quoique ce soit d’autres, s’ils veulent votre aide mais ne veulent pas vous payer ne serait-ce qu’une heure de votre temps, oubliez-les.

Solution 4 : Rediriger vers des ressources adéquates

Aidez le demandeur en le dirigeant vers une solution à sa demande : un livre, un podcast, un groupe de networking, un prestataire.

Bonus

Une vidéo qui parle de ce sujet :

Voici une question posée à la dame de la vidéo :

Je commence à être reconnu pour mon travail, et des amis ou même des gens sortis de nul part viennent me voir pour demander s’ils peuvent me piquer mes connaissances ou quelques idées ou me proposer un café pour me poser des questions sur mon business et partager leurs idées.

Tout d’abord, je pense qu’ils devraient acheter mon produit : un programme d’entraînement qui répond à toutes leurs questions … mais je ne veux pas paraître comme en train de vendre quelque chose à mes amis.

Ensuite, je suis occupé à développer mon business et je n’ai pas de temps à perdre dans le vent. Je ne sais pas comment réagir à ces demandes, alors je les ignore mais je me sens coupable. Que répondre à ces gens qui veulent « boire un café » ou me piquer mes connaissances ?

Script 1 :

Mon agenda est plein, donc il ne sera pas possible de prendre un café ces jours-ci. Es-tu intéressé à devenir un client, ou as-tu juste une petite question ?

Script 2 :

Je ne suis pas disponible pour déjeuner, mais tu devrais vraiment envisager de prendre mon produit xxxxxx. Il contient le meilleur de ce que je sais, et je l’ai crée exactement pour les gens dans ta situation.

Script 3 :

J’ai une règle : si je n’ai même pas le temps de voir ma mère, alors je n’ai pas le temps de rencontrer de nouvelles personnes pour un café. Et en ce moment, je dois une visite à ma mère. Je ne doute pas qu’on se serait bien entendu et j’espère que tu ne te sens pas offensé, mais mon agenda de travail est plein et je dois faire l’impasser sur cette proposition.

Bonus : les gens à ne jamais aider selon la philosophie stoïcienne

Un autre point de vue que celui du business : le stoïcisme, une des meilleures approches philosophiques de la vie, nous dit qu’il ne faut pas aider tout le monde, et refuser d’aider 9 types de personnes, même pour des personnes bienveillantes et empathiques :

  • Les narcissiques : Personnes centrées sur elles-mêmes, qui détournent constamment l’attention.
  • Les profiteurs : Ceux qui exploitent l’empathie des autres pour leurs propres besoins sans réciprocité.
  • Les fabricants d’illusions : Individus perdus dans leurs propres récits fictifs, incapables de voir la réalité.
  • Les infaillibles : Ceux qui refusent d’admettre leurs erreurs, attribuant toujours les problèmes aux autres.
  • Les passifs : Individus talentueux mais immobiles, ne planifiant pas pour construire leur avenir.
  • Les pessimistes : Ceux qui voient tout de manière négative, rendant difficile tout effort pour les aider.
  • Les accusateurs : Personnes qui rejettent systématiquement la faute sur autrui, ne reconnaissant jamais leurs erreurs.
  • Les privilégiés autoproclamés : Ceux qui s’attendent à un traitement spécial sans efforts méritoires.
  • Les résistants au changement : Individus imperméables au changement, résistant à toute idée nouvelle.

Il est important de reconnaître ces profils pour se préserver de l’épuisement émotionnel.

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